Qu’est-ce que le béton bas carbone ?
10% des émissions de gaz à effet de serre sont causées par le secteur de la construction. Et plus de la moitié de ces émissions est due au béton. Chaque année, pourtant, 4Gt de ciment est produit dans le monde. Nous vous laissons imaginer l’impact carbone d’une telle production sur la planète. A l’heure de la transition énergétique, des avancées ont permis de mettre au point un « béton vert », appelé le « béton bas carbone ». Zoom sur ce nouveau matériau.
Pourquoi le béton pollue-t-il ?
C’est une bonne question. Pourquoi le béton émet-il tant de carbone ? Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas au moment du sciage du béton que le plus d’émissions a lieu. C’est au moment de sa fabrication !
Le béton est majoritairement composé de ciment, d’eau, de granulats et parfois d’adjuvants. Or, le poids carbone du ciment traditionnel est impressionnant. En effet, la cuisson du clinker est responsable de 40% des émissions de gaz à effet de serre et la décarbonatation du calcaire responsable de 60% des émissions.
Afin de réduire cet impact carbone, les sociétés de construction réfléchissent à une nouvelle manière de traiter le ciment. Les progrès sont lents côté « cuisson ». Pourtant, ces dernières années, on parle de plus en plus de béton bas carbone. Il s’agit en réalité de ciment bas carbone, un matériau de substitution plus propre pour l’environnement.
Qu’est-ce que le béton bas carbone ?
Le béton bas carbone est la réponse du secteur de la construction face aux conséquences de la pollution. Afin de diminuer les émissions liées à la cuisson du clinker, l’industrie s’est concentrée sur les combustibles utilisés. Elle utilise désormais des combustibles de substitution. Ces derniers sont en réalité des déchets n’ayant pas pu être recyclés. On augmente ainsi leur valeur énergétique.
Mais qu’en est-il des émissions de gaz à effet de serre liées à la décarbonatation ? Pour les cimenteries, l’objectif est de réduire la quantité de calcaire avant le processus. Le calcaire est alors remplacé par des cendres volantes, issues de centrales thermiques, ou encore par des laitiers de haut fourneau. Ces derniers sont par ailleurs particulièrement efficaces ! Ils permettent de réduire le poids carbone du ciment de 70%.
Alors, pourquoi cette solution n’est-elle pas plus utilisée dans le monde de la construction ? Tout simplement parce qu’on ne considère aujourd’hui pas les laitiers comme des déchets à recycler, mais comme de vrais co-produits. Cela crée donc souvent la controverse. Autre problème ? Le manque de disponibilité de la ressource. Ce matériau de substitution est limité en quantité. Il ne s’agit donc pas d’une solution durable à l’échelle de la planète.
Comment réduire davantage l’impact carbone du béton ?
Si la filière du béton doit encore réfléchir à l’avenir et à des solutions écologiques durables, il existe d’autres façons de réduire l’impact carbone de l’industrie cimentière. En effet, depuis maintenant quelques années, le mot d’ordre est la construction circulaire. De quoi parle-t-on ? Tout simplement du cycle de vie d’une construction. L’objectif est de recycler les déchets d’un site de déconstruction afin de créer du nouveau béton pour la reconstruction.
L’idée est donc de construire local. L’allotissement de la gestion des déchets permet de les valoriser plus facilement et efficacement. Ainsi, les circuits courts réduisent également les émissions de gaz à effet de serre liées au transport des gravats et du béton.
Pour illustrer la construction circulaire, imaginons un ancien immeuble prêt pour la démolition. Après la déconstruction du bâtiment et le ponçage de la dalle en béton, les déchets du site sont récupérés par la filière du béton. Ceux-ci serviront de matériau de recyclage pour un prochain projet immobilier, à proximité du site détruit. On ne parle alors pas de béton bas carbone mais tout simplement de béton recyclé !
Le béton bas carbone est donc une solution à court-terme pour la filière cimentière. Réalisé à partir d’un ciment bas carbone, cuit avec des combustibles de substitution, celui-ci génère beaucoup moins d’émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, il faut garder en tête que les ressources viendront à manquer et qu’il ne faut pas arrêter d’être innovant en matière de procédés plus écologiques et durables.